Fonds Philippe Le Guillou sur EMAN :

oeil numérique et génétique textuelle

Le dispositif est à ce jour principalement visuel — une quinzaine de pages seulement ont été transcrites — et permet de présenter les manuscrits au public, si l’auteur donne son accord, dans leurs fascinations propres, leur anarchie ou leur ordre, leurs couleurs, leur dynamique, leur vitalité. Ce sont des écritures, des traces, elles attestent le passage de la main, ce sont des prolifiques et gigantesques signatures qui viennent chercher en nous ces instincts de curiosité, d’indiscrétion, mais aussi d’archéologues. A ce titre le numérique, qui n’est pas forcément le lieu le plus confortable pour consulter et lire des manuscrits a l’avantage de protéger l’original et de rendre possibles toutes sortes de pulsions scopiques exploratoires et de véritablement placer le document sous microscope. Lumière traversière, épaisseur, textures, possibilités multiples d’extractions et de dissections par sélection. Il permet de mettre en valeur autant des données visuelles qu’audio-visuelles, des documents complémentaires de tous les formats. A ce titre le numérique (et ce type de dispositif) correspond complètement au projet de la génétique des textes: la possibilité de prendre en compte les formats les plus variés, et les documents quels que soit leur volume, leur forme, leur nombre, leurs connexions. 

De la recherche à la fiction : métamorphose des intuitions
Cette première campagne de numérisation du Fonds Philippe Le Guillou a fait apparaître un certain nombre de secteurs d’intérêts, comme les lieux d’écriture, les lieux référentiels et fictionnels (ici le Vatican, ses salles, ses frontières, ses territoires, ses jardins, ses habitants) les formats et couleurs d’écriture (noir, vert, rouge, bleu), les textures du support, les dispositions successives de la prise de notes et des amorces narratives, les dynamismes relatifs des blocs de textes, les témoignage d’un intérêt particulier pour telle figure (reprises, corrections, ajouts, des éléments de durée, les éléments graphiques et non verbaux, la génétique traditionnelle des sources, le récit d’un séquençage progressive et de l’organisation générale, la création des personnages, l’apparition des noms, les phénomènes intertextuels, le cas particulier de l’intertexte biblique, les éléments de contexte, les dates, les lieux d’écriture,la dimension documentaire, la jonction et les transitions document / recherche / fiction et les moments identifiables de la métamorphose lexique obsessionnel / récit ou figure / personnage, la présence partout de référents visuels (photographie, cinéma, documentation) constitués en hantises et récurrences.