Transcription Transcription des fichiers de la notice - <em>Mythologie</em>, Paris, 1627 - V, 22 : De Feronie Conti, Natale 1627 chargé d'édition/chercheur Équipe Mythologia Projet Mythologia (CRIMEL, URCA ; IUF) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1627 Images : BnF, Gallica
Paris (France), BnF, NUMM-117380 - J-1943 (1-2)
Français

De Feronie.

CHAPITRE XXII.

Genealogie de Feronie inconnuë.IE n’ay encore trouué aucun Autheur qui m’ait appris quels ont eſté les parens de cette Deeſſe, ny le lieu de ſa natiuité, ny ceux qui la peuuent auoir nourrie. C’eſt toutefois choſe bien certaine qu’elle a eſté commiſe ſur les bois & les vergers, comme le teſmoigne Virgile au 7. liure de l’Æneide, en ce vers :

Et Feronie aymant hanter és vers boſcages :

& generalement ſur tous fruicts des arbres. Elle eſt ainſi nommee du mot Fero, qui ſignifie porter : ſinon qu’on ayme mieux dire qu’on luy ait voulu faire porter le nom de la ville de Feronie, ſituee au pied de la montagne de Soracte (auiourd’huy le mont ſainct Silueſtre) qui eſt dans les monts Hirpins, en Italie, au ſommet de laquelle y auoit vn Temple, où les habitans du lieu luy ſacrifioient & l’adoroient auec grande deuotion, & au deſſous de cette meſme montagne, vn petit bois ou parc à elle conſacré, qui fut vne fois fortuitement bruſlé : mais comme les habitans voulurent tranſporter ailleurs ſon image & idole, on dit que tout à coup il reuerdit. Il ſemble que Virgile ait eſgard à ce miracle eſcriuant le vers ſuſdit. Impoſture de malins eſprits.A ce miracle on en adiouſte vn autre de meſme eſtoffe, que ceux qui eſtoient inſpirez & remplis de l’eſprit de cette Deeſſe, marchoient nuds pieds & ſans ſe bleſſer ſur des charbons de feu tous ardents, & ſur vn tas de cendres chaudes pleines de braſier, & pour voir ce ſpectacle vne grande quantité de gens s’aſſembloient tous les ans. Quant à moy i’ay opinion que par cette Feronie ils n’entendoient autre choſe qu’vne vertu diuine, qui s’eſpandant ſur les arbres les conſerue & fait croiſtre, par laquelle ils verdiſſent & bourgeonnent, fleuriſſent & ameinent leurs fruits à maturité. Car les Anciens cognoiſſans bien que rien ne pouuoit ſubſiſter ſans la prouidence Diuine, n’ayans toutefois la cognoiſſance de l’Eſprit de Dieu, adorerent pour Dieux les facultez que Dieu en la creation du monde auoit inſpirees és corps naturels. Il eſtoit alors bien-aiſé de tromper la ſimplicité & ignorance de ces bonnes gens-là : & pourtant les malins Eſprits prattiquent vne infinité de fourbes & de tromperies pour les affubler de ſottes & ridicules ſuperſtitions ; joint que l’ignorance & l’imprudence ſont ordinairement accompagnees de beaucoup de miſeres & d’erreurs.