Transcription Transcription des fichiers de la notice - <em>Mythologie</em>, Paris, 1627 - X [92-93] : Des Gorgones Conti, Natale 1627 chargé d'édition/chercheur Équipe Mythologia Projet Mythologia (CRIMEL, URCA ; IUF) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1627 Images : BnF, Gallica
Paris (France), BnF, NUMM-117380 - J-1943 (1-2)
Français

Des Gorgones.

ET d’autant que noſtre ame a deux facultez, l’vne participante de raiſon, l’autre qui n’en a point : celle qui ſe range à la raiſon eſt exprimee ſous les noms des Græes chenuës de vieilleſſe & nees en tel eſtat, qui ne ſont autre choſe que la prudence, neceſſaire és afflictions & difficultez de cette vie, & pour le gouuernemẽt des affaires d’eſtat. Mais les Gorgones ſont leurs ſœurs, c’eſt à dire, les voluptez qui enrétent les hommes & les font mourir, deſquelles Perſee n’euſt peu ſe demeſler ſans l’aide & ſecours des Græes ; car comme ainſi ſoit que la raiſon & cupidité naiſſent d’vn meſme eſprit, il faut neceſſairement que la cupidité faſſe joug à la raiſon. C’eſt pourquoy l’on dit que Perſee ou prudence prenant l’œil des Græes les defit par le conſeil & ſecours de Pallas.

Expoſition Phyſique.

LEs Gorgones ſont les eaux filles de la mer, ainſi nommées à cauſe du fremiſſemẽt & gargoüil que font les ondes. Perſee, c’eſt à dire, le Soleil, miniſtre de l’eſprit diuin, les va trouuer, & ce par le conſeil & inſtinct de Minerue : pource que toutes actions humaines ſe font ſelon que la ſageſſe diuine en diſpoſe, veu que Dieu & nature ne font rien en vain. A cauſe de ſon ſoudain mouuement, on dit qu’il chauſſa les ſouliers ailez des Nymphes, parce qu’il penetre par tout : & d’autant qu’il extenuë & ſubtilie tellement les vapeurs de l’air qu’on ne les peut diſcerner à l’œil, on dit qu’il emprunta l’armet de Pluton & l’eſpee de Mercure. Perſee tua Meduſe mortelle, parce que le Soleil n’attire que la plus ſubtile & ſurnageante partie de l’eau, qui eſt aiſee à tranſmuer. Mais à cauſe que la ſageſſe de Dieu eſt admirable, qui a donné tant de force au Soleil, celuy qui peut en eſprit &connoiſſance penetrer en telles ſecrettes œuures de nature, demeure tout eſtonné quãd il en vient faire comparaiſon auec le reſte des choſes de ce monde, deſquelles il fait eſtat comme de neant.