Transcription Transcription des fichiers de la notice - <em>Mythologie</em>, Paris, 1627 - X [115-116] : D’Io ou d’Isis Conti, Natale 1627 chargé d'édition/chercheur Équipe Mythologia Projet Mythologia (CRIMEL, URCA ; IUF) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1627 Images : BnF, Gallica
Paris (France), BnF, NUMM-117380 - J-1943 (1-2)
Français

D’Io ou d’Iſis.

AV contraire voulans exprimer la nature de la terre, ils ont allegué la Fable d’Io, pource quelle ſe tient ferme au milieu des eaux qui l’enuironnent de tous coſtez, qu’elle enuoye continuellement des vapeurs en haut, qu’elle produit toutes ſortes de fruits, d’animaux, & autres choſes en nombre preſque infiny : qu’elle deſire vne chaleur temperee, qu’elle eſt de toutes parts couuerte de la voûte du ciel ; qu’vne partie d’icelle eſt touſiours illuminee de la clairté du Soleil, cependant que l’autre eſt obſcurcie & enuelopee de tenebres. En aprés ils montroient qu’elle deuient fertile par l’induſtrie des laboureurs, quand la clemence du ciel luy vient à manquer. Les autres accommodent cette fabuloſité aux conionctions de la Lune auec le Soleil, & à la nature d’icelle ; diſans qu’és conionctions des planetes il s’engendre des nuës ou broüillas ; que puis-aprés elle paroiſt cornuë preſque touſiours au troiſieſme iour aprés ſa conionction ; & qu’elle eſt plus baſſe que les autres Eſtoilles, & preſque la plus petite de toutes. Puis quand le Soleil luy departit de ſa lumiere & vertu, elle ſurpaſſe les forces de toutes les Eſtoilles, exerçant ſes effects & les faiſant plus ſentir aux corps humains qu’aux autres creatures, quand elle eſt aucunement renforcee. Et d’autant que la Lune eſt la plus viſte de toutes les Planetes, on dit qu’elle erra par tout le monde, pource qu’elle decline du Zodiaque, tantoſt vers le Midy, tantoſt vers le Septentrion.

Expoſition Morale.

IO ſignifie les ames des meſchans hommes tranſmiſes du Ciel en ces corps pleins de tenebres & d’obſcurité : puis elles ſe conuertiſſent en beſtes, faiſans des functions beſtiales, & ne ſe ſoucient point de contempler la diuinité de Dieu, ny l’immortalité dont il les a gratifiees. Ainſi transformees on les donne à Iunon, c’eſt à dire, qu’elles s’abandonnent à l’auarice & à la conuoitiſe des biens & autres deſbordemens en auſſi grand nombre qu’eſtoient les yeux d’Argus ; qui ne ſont autre choſe que les plaiſirs charnels & concupiſcences des diſſolutions ; & les tahons ſont les remors de conſcience & les regrets qu’on a ſur le vieil aage d’auoir mal veſcu, qui font que reuenans à nous & deſplaiſans en noſtre ame, nous reconnoiſſons que nous auons peché, & reprenons noſtre premiere forme d’hommes, & ſommes faits Dieux immortels par innocence & ſaincteté de vie, exerçans iuſtice & humanité enuers nos prochains, ſi Dieu par ſa miſericorde nous enuoye ces tahons pour nous picquer ſi viuement que nous amendions noſtre vie.