Archives Marguerite Audoux

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Lettre de Francis Jourdain à Marguerite Audoux

Auteur(s) : Jourdain, Francis

DescriptionMariage de Lulu - Frantz-Philippe et son fils
Texte

[Villennes s/ Seine, 30 août 1931]

Ma vieille Marguerite,

Un mot hâtif pour t'annoncer le mariage de Lulu. Elle est actuellement au-dessus de Nice, à Puiacava et son complice est venu l'y rejoindre. C'est Hernando Viňès[1], un jeune peintre que Lulu connut à l'académie de la gde chaumière[2] il y a sept ans et dont elle n'a cessé d'apprécier les sentiments généreux, la sensibilité, la bonté. Il est le neveu du musicien Ricardo Viňès, l'ami de Fargue[3]. Il n'a ni argent ni « espérances », ce qui complète le ravissement de Lulu.
Et tu en sais maintenant à peu près autant que j'en sais moi-même. Mais j'ai bien trop confiance en ma Lulu pour douter de l'excellence de son choix.
Nous sommes contents.
Les jeunes gens ne rentreront sans doute à Paris que mariés, la cérémonie se bornant à un passage à la mairie du patelin où ils achèvent leurs vacances, car mon horreur des solennités[4] n'est rien à côté de celle que Lulu a hérité de son vieux sauvage de père.
Pendant que Frantz[5] et sa femme étaient dans le midi, nous sommes venus, Agathe et moi, garder l'adorable moutard[6] dans la villa qu'un ami nous avait prêtée. Nous rentrons la semaine prochaine.
À bientôt. On t'embrasse bien tendrement, ma chère vieille.

Francis
Samedi – 11 rue Galliéni
Villennes s/ Seine
(Seine-et-Oise)

Bon souvenir à Paul et à ses frangins.
Comment allez-vous tous ?

[1] Né à paris, de parents espagnols, le 20 mai 1904, « Viňès subit l'influence modérée d'un post‑cubisme émoussé, qu'il semblait s'agir de concilier avec le chromatisme abstrait d'un Matisse et les subtilités intimistes d'un Bonnard. Viňès a mené une constante carrière de paysagiste sincère et plein de charme. » [Bénézit, E, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, Dessinateurs et Graveurs de tous les temps et de tous les pays par un groupe d'écrivains spécialistes français et étrangers (1911), Librairie Gründ, édition de 1976, tome dixième, p. 528].
[2] Célèbre Académie de peinture du quartier Montparnasse
[3] Fargue et Ricardo Viňès s'enthousiasment tous deux pour Pelléas au début du siècle ; Le « piéton de Paris » dédiera d'ailleurs ses « Nocturnes aromatiques » au musicien, et lui réservera une place dans le dernier livre paru de son vivant, Portraits de famille (Janin, 1947, p. 221‑229) : « Il est mort le 29 avril 1943. Je le vois monter d'un bond du fond du souvenir, attachant comme personne, drôle et fin, vif et noir, un Greco qui eût été gai… » (Ibid., p. 221). Les relations avec Viňès datent d'un de ses concerts où Fargue s'était rendu avec Ravel. Dès lors, les deux amis vont souvent chez le peintre Paul Sordes où Viňès « métamorphosait le piano en un express‑bar de délices » (Ibid., p. 224). Notons que le romancier Jean Echenoz évoque Viňès dans son Ravel.
[4] Suit un mot rayé.
[5] Frantz‑Philippe, alias Baboulo(t) , le fils de Francis, de la même année que Paul d'Aubuisson
[6] Le fils de Frantz‑Philippe
Lieu(x) évoqué(s)Nice, Paris
État génétiqueVoir la note 4 de la partie TEXTE

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Notice créée par Bernard-Marie Garreau Notice créée le 17/12/2017 Dernière modification le 20/05/2022