Archives Marguerite Audoux

Archives Marguerite Audoux


Lettre de Petiot à Marguerite Audoux

Auteur(s) : Petiot

Description
  • Nouvelles de la famille - La Madeleine - Le bac de Simone - Edmond Rocher - Roland Dorgelès
  • Voir la partie DESCRIPTION de la lettre 385
Texte

[Montargis, le 3 août 1936]

Chère Marraine,

J'aurais voulu vous porter ce livre[1] mais je ne vois pas la possibilité d'aller à Paris ces jours-ci. Mon papa m'a donné bien des inquiétudes ; son état compliqué de cystite s'est légèrement amélioré et je me reprends à espérer. Mone[2] est partie à Lille avec ma sœur venue pour la Ste Anne[3] (patronne des confectionneurs). Maintenant ici c'est la Madeleine[4] – la foire et l'exposition – et tout hurle à la fois – les bateleurs, les orchestres, les haut-parleurs, les sirènes : « Serpents de 4e [ ? ]. Venez voir ce que vous n'avez jamais vu !… Marinella, rest' encor' dans mes bras ![5]… artistes verriers vénitiens au travail ; moitié prix pour les enfants, les militaires… Il pleut sur la route[6]… » Sous les grands arbres tout cela se répercute – tout près il y a de quoi être abruti et ce n'est encore rien pour aujourd'hui -. Les Montargois ont pourtant bien prié Ste Marie-Madeleine sous l'égide du Père Sanson[7] ; on ne peut avoir de beau temps pour ses fêtes !
Chère Marraine, que faites-vous ? que devenez-vous ? Pendant la journée du Bac, j'aurais pu aller vous voir, mais Simone, angoissée, hantée par l'examen, n'était plus maniable. Elle ne put avaler une bouchée à midi et nous avons passé notre temps à rôder au jardin du Musée de Cluny. Seules, les glaces ont passé, voyez alimentation ! Après le compte rendu, ç'a été la ruée au bureau de poste – il fallut aller au Danton[8] téléphoner et on est parties de Paris exténuées mais contentes. On n'a pu s'embrasser qu'en sortant de la Sorbonne tant il y avait de peine autour de nous. Il en fut pris 12 %.
Et voilà, Marraine, les nouvelles. Lisez mon livre ; donnez-moi quelques mots pour ma publicité, dites !
J'écris à Ed[mond] Rocher[9] et lui envoie un livre[10]. J'ai écrit à Genevoix chez qui nous sommes allées fin juin en allant à Orléans à l'écrit du Bac ; mon livre a semblé l'intéresser, mais sans doute est-il en vacances.
Roland Dorgelès emportera le sien en Russie[11] !!
Marraine chère, dès que je le pourrai, j'irai vous embrasser avec grande joie !!
Un bon baiser.

Petiot

[1] L'on peut se demander de quel livre il s'agit. Celui dont la rédactrice parlait dans la lettre 385 (ou l'étude qui lui était demandée sur ce livre) ? Ou plus probablement, d'après la suite de la lettre, un ouvrage que « Petiot » aurait elle‑même commis ?
[2] Sa fille Simone
[3] Le 26 juillet
[4] Fête prolongée en l'honneur de Ste Marie‑Madeleine (22 juillet)
[5] Allusion à la célèbre chanson de Tino Rossi, lancée l'année même par le film du même nom, créé spécialement pour le chanteur corse par Pierre Caron
[6] Chanson à la mode de Henry Himmel et Robert Marino :
« Il pleut sur la route.
Le cœur en déroute,
Dans la nuit j'écoute
Le bruit de ses pas.
Mais rien ne résonne,
Tout mon corps frissonne,
L'espoir s'envole déjà.
Ne viendra-t-il pas ? …»
[7] Le Révérend Père Pierre Sanson, de l'Oratoire, est un célèbre prédicateur des Conférences de Carême à Notre‑Dame, de 1925 à 1927.
[8] Brasserie du boulevard Saint‑Germain.
[9] Voir la lettre 314 du 7 avril 1926 d'Edmond Rocher à Marguerite Audoux. Sans doute est‑ce la « filleule » qui a fait connaître Rocher à Marguerite Audoux.
[10] Probablement le sien…
[11] « Petiot » a donc des relations, et non des moindres, pour cet ouvrage qui semble avoir besoin de promotion.
Lieu(x) évoqué(s)Lille, Montargis, Orléans, Paris, Russie

Géolocalisation

Notice créée par Bernard-Marie Garreau Notice créée le 17/12/2017 Dernière modification le 20/05/2022