Archives Marguerite Audoux

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Brouillon de lettre de Mme Philippe (mère) à Marguerite Audoux

Auteur(s) : Philippe (mère)

DescriptionDemande d'expédition d'un petit plâtre et d'un oreiller perlé
Texte
[Cérilly, mi‑avril 1910[1]]

Madame[2],

Vous m'avez dit dans une de vos lettres avoir en votre possession[3] le petit plâtre[4] qui a été donné à mon fils par deux amis communs, à l'occasion de la publication de Bubu de Montparnasse, et que [sic] je connaissais bien ce plâtre ; il était accroché au‑dessus du lit de mon cher Louis, et comme j'y tiens beaucoup[5], ayant été donné [sic] à l'occasion du livre de Bubu, je vous prierais de me le renvoyer le plus vite possible ; c'est bien à moi que ces souvenirs les plus chers doivent rester, d'autant plus que je n'ai jamais vu votre nom dans aucune des correspondances de mon fils.[6]
Je vous prie aussi de vouloir bien m'envoyer en même temps un oreiller perlé avec un milieu rouge, que je sais que vous avez emporté pendant le déménagement – disons comme souvenir – et je tiens [à ce] que ces deux objets me soient envoyés.[7] Je vous prierai de bien l' [sic] emballer, qu'il [resic] m'arrive intact.

Je vous salue, Madame.

Veuve Philippe

[1] Compte tenu de la réponse apportée le 23. Dans cet échange, assez intéressé du côté de Cérilly, et qui appelle le plus souvent une riposte, les réactions ne se font généralement pas attendre (voir la lettre 13 du 29 décembre 1909 de Mme Philippe, qui répond à une lettre envoyée par Marguerite Audoux la veille).

[2] On notera que la formule d'appel et la conclusion sont plus distantes que dans la première lettre (lettre 13).

[3] À la suite, on trouve un que barré, surmonté d'un autre mot surchargé, lui même suivi d'un ce qui eût dû être biffé.

[4] À propos du "pett plâtre", voir supra la partie "notes"

[5] Suit un qu'il a ét.

[6] Suit un Je vous p (le début du paragraphe suivant).

[7] C'est à partir d'ici que l'écriture change.

Notes
À propos du "petit plâtre", voir Audoux , Marguerite, « Souvenirs », in La Nouvelle revue française du 15 février 1910 (numéro spécial consacré à Charles-Louis Philippe), p. 196‑197 (il s'agit ici du passage où la romancière évoque les retrouvailles entre Berthe Méténier, l'héroïne de Bubu de Montparnasse, alors poursuivie par son souteneur, et Charles‑Louis Philippe) :
« À l'heure du dîner il fallut chercher un restaurant peu éclairé. Il s'en trouva un sur le Boulevard Raspail.
Pendant que Berthe Méténier s'enfonçait tout au bout de la banquette à la table la plus sombre, Charles [Chanvin] aida Michel [Yell] à sortir d'un journal qui l'enveloppait un petit buste en plâtre. C'était la tête merveilleuse de Santa Fortunata. Tous deux l'offraient à leur ami. Philippe ne se lassait pas de la regarder. Il la mit devant lui, puis à côté, puis au bout de la table et chaque fois qu'il la déplaçait il s'émerveillait de la trouver plus jolie selon que les ombres la faisaient différente. Il regarda Berthe et la petite tête de plâtre, et il dit tout joyeux.
- Voilà que j'ai deux filles, maintenant.
- Je voudrais lui ressembler, dit Berthe Méténier, et Philippe répondit :
- Vous êtes encore plus belle puisque vous respirez.
En sortant du restaurant, on enveloppa de nouveau Santa Fortunata dans un journal, et Philippe la porta sous son bras gauche. Il donnait l'autre bras à Berthe Méténier, et toute la soirée on rôda par les rues sombres pour ne pas rencontrer Bubu. De temps en temps on s'arrêtait sous un bec de gaz, on entr'ouvrait le journal pour regarder encore Santa Fortunata.
- Je n'ai jamais rien vu d'aussi pur, disait Philippe. Et il refermait le papier pour le rouvrir un peu plus loin. »
On sait que Marguerite Audoux ne donnera pas la statue aux Philippe, d'après le témoignage de Louis Lanoizelée, qui décrit le sixième étage de la rue Léopold‑Robert, où il se rend régulièrement à partir de 1932 :
« Un logement en angle, avec trois grandes fenêtres sur le boulevard Raspail… Une petite pièce mansardée qui sert de salle à manger, de salon. Dans un coin, entre la fenêtre et la cheminée, une table recouverte d'une étoffe ornée, où s'entassent quelques livres et des paperasses, un encrier carré en faïence bretonne, des lunettes cerclées de fer, une forte loupe et sur le sous‑main un cahier d'écolier aux coins écornés : c'est le bureau. Au‑dessus, à côté du bec de gaz, posé sur une petite étagère, une statuette en plâtre : Sainte Fortunata, venant du logis de Charles‑Louis Philippe
‑ Cette statuette avait été offerte à l'auteur de Bubu par ses amis. Elle fut donnée ensuite à Albert Fournier par Marguerite Audoux. Celui‑ci l'apporta pour les cérémonies du quarantième anniversaire [de la mort] de l'auteur bourbonnais. Elle est actuellement au Musée de Cérilly[1], édifié dans sa maison natale. – »

[Lanoizelée (Louis), Marguerite Audoux, Plaisir du bibliophile, 1954, p. 17 (incipit)]

[1] Elle s'y trouve toujours.

N. B. : Albert Fournier est un jeune journaliste, ami de la romancière.

Lieu(x) évoqué(s)Cérilly, Paris
État génétiquePremier paragraphe :
- Après possession, on trouve un que barré, surmonté d'un autre mot surchargé, lui-même suivi d'un ce qui eût dû être biffé.
- j'y tiens beaucoup est suivi d'un qu'il a ét barré
- La fin du premier paragraphe est suivi d'un Je vous p barré (qui sera repris au début du second paragraphe).

Lettres échangées


Collection Correspondants

Cette lettre a comme auteur :
PHILIPPE, Madame

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Notice créée par Bernard-Marie Garreau Notice créée le 17/12/2017 Dernière modification le 03/05/2024