Archives Marguerite Audoux

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Lettre de Marguerite Audoux à Antoine Lelièvre

Auteur(s) : Audoux, Marguerite

Description
Asperges - Questions de santé - L'Atelier de Marie-Claire - Mirbeau - Werth - Louise Roche - Lucile Dugué
Texte

[Paris, 25 avril 1914]

Mon cher ami,

J'aime mieux vous dire tout de suite que j'ai eu la flemme hier de vous écrire, pour vous remercier des asperges qui étaient épatantes et que j'ai mangées à moi toute seule, faute d'avoir un compagnon ou une compagne pour les partager. Je ne voudrais pas dénigrer celles de l'année dernière, mais je vous assure que les nouvelles étaient meilleures.
Prenez patience, mon ami, pour votre affreux bobo[1]. Vous avez passé le plus dur maintenant, et si la chaleur du soleil ne vous guérit pas tout à fait, elle vous apportera sûrement un soulagement.
Oh ! oui, je les connais les instruments de torture. Et je doute que votre Cavallois ait une chambre mystérieuse aussi compliquée que celle du docteur Desmoulins, Directeur du laboratoire départemental de radiologie et d'électrothérapie. Zut pour lui, quoiqu'il soit charmant. J'espère bien ne plus aller jamais dans son antre.
Je travaille peu. Il me reste un rhumatisme à la nuque qui se déplace pendant deux ou trois jours et qui se réinstalle pendant huit[2]. Cependant, je suis en train de recopier la première partie de Madame Dalignac[3], qui se compose de la moitié du bouquin. Je n'en suis pas trop mécontente, mais je suis dans un état d'infériorité cérébrale qui ne me permet guère de juger par moi‑même si je suis dans le vrai. Aussi, je vais lire à mes amis, rassemblés, cette première partie, et s'ils ne sont pas contents, je ferai une sale bobine, car je ne vois pas comment je pourrais l'améliorer.
Le petit passage que vous lirez dans Les Cahiers[4] appartient à la seconde partie du bouquin. J'ai définitivement lâché la suite de Marie‑Claire[5]. Madame Dalignac suffit à m'absorber.
Mirbeau va assez bien en ce moment. Nous parlons quelquefois de vous ensemble. Le fauve Werth est toujours dans le doux pays de Hollande.
Louise Roche et Lucile Dugué vous envoient leurs amitiés, et moi je vous envoie mon plus affectueux sourire ainsi qu'un bon baiser à la gentille Lette.

Marguerite Audoux

[1] Étant donné le contexte, il est probable qu'il s'agisse de rhumatismes.

[2] huit est suivi de jours.

[3] Le futur Atelier de Marie‑Claire (1920)

[4] Voir la note 5 de la lettre 210 et la note 7 de la lettre 211

[5] « Le Suicide ». Voir la partie NOTES de la lettre 149

Lieu(x) évoqué(s)Paris
État génétiqueVoir la note 2 de la transcription

Géolocalisation

Notice créée par Bernard-Marie Garreau Notice créée le 17/12/2017 Dernière modification le 20/05/2022